Savoir-faire et artisanat : Tour d’horizon des métiers d’art en Afrique

Les métiers d’art africains et d’ailleurs appartiennent au luxe exclusif dont les principales caractéristiques sont l’exception et la rareté.

En exerçant les métiers d’art, les artisans sont appelés à transcender des matières intemporelles. Métaux, textiles, cuir, bois, verre, pierre, terre, ces matières brutes, entre leurs mains, sont transformés en création de lumière. Le spectre des métiers d’art touche la décoration, le mobilier, l’art de la table, l’architecture, la mode, la bijouterie, la joaillerie, l’orfèvrerie, les arts plastiques, et bien d’autres secteurs.

Les métiers des métaux et des pierres précieuses

Vieux de plus de 2500 ans, le métier de forgeron remporte haut la main la première place des métiers traditionnels du fer en Afrique. Surnommé les maîtres du feu, les forgerons jouissaient d’une notoriété spéciale au cœur des civilisations. Leurs confections touchaient tous les domaines de la vie, du foyer aux champs, en passant par les lieux religieux et les terrains de batailles. Pionnier, ils n’utilisaient que quatre outils : le marteau, l’enclume, le soufflet et la pince.

Chaises Square Ousmane Mbaye © Art & Exception

Créer et émerveiller à partir du façonnage des métaux, tel est aussi l’apanage des ferroniers, dinandiers, orfèvres et joailliers. Chacune à son tour, ces pratiques se sont développées et répandues à travers le continent

La ferronnerie d’art consiste au travail du fer forgé à chaud comme à froid. Du fer, du bronze, de l’aluminium, du plomb ou du laiton naissent des pièces de décoration et d’architecture imprégnées des inspirations et de la culture de chaque artisan.

La dinanderie quant à elle requiert plus de délicatesse. De ces techniques, l’artisan fait émerger des objets du quotidien, des créations à usage cérémonial, ainsi que des fontaines, miroirs, vasques ou luminaires à l’esprit assurément art déco. Les métaux employés sont généralement le cuivre, le laiton, l’argent, ou encore l’étain après martelage.

 

Dans le domaine de la joaillerie, nul ne pouvait rester de marbre face aux parures somptueuses et imposantes des dignitaires d’antan. Marqueur social élevé au rang de talisman, le bijou a toujours occupé une place de choix dans les rituels d’apparat.

De cet héritage, les orfèvres contemporains s’inspirent. Bois, cuir, raphia, corne, laiton, or, bronze, argent, rubis du Mozambique, tanzanites, diamants du Botswana, gems d’Afrique du Sud, peaux, ou encore perles, rien n’est mis de côtés pour créer des pièces rares et inattendues. Elles rappellent les plastrons de perles multicolores des Zoulous d’Afrique du Sud, les bijoux en argent faisant la renommé des communautés Touaregs et Maures, les fories Peuls du Mali, les bijoux Akan de Côte d’Ivoire et du Ghana, les croix d’Ethiopie, les bijoux San de Namibie, les bijoux en argent rehaussées de pierres de corail signature des communautés Kabyle ou autres bracelets des Massaï du Kenya.

 

L’habillement, les métiers du textile et du cuir 

Dis moi ce que tu portes, je te dirais qui tu es. Le vêtement et les ornements étaient déjà signe d’appartenance et de prestige dans les sociétés africaines traditionnelles.
Depuis plus d’un millénaire, tisserands, teinturiers, tanneurs, brodeurs, et maroquiniers africains repoussent les limites de leur art pour produire des pièces somptueuses aux usages multiples.

Parmi les textiles tissés les plus connus et les plus employés, nous retrouvons fréquemment le Kente, tissage en bandes, des peuples Akan, Ga et Ewe. Revêtu d’un caractère noble et prestigieux, il était le tissu des rois ghanéens. Aussi, le Faso Dan Fani, symbole de patriotisme au Burkina Faso, les couvertures Khasa du Mali par le peuple Fulani, ou le légendaire Mandjak, tissus luxueux fait de fil de coton ou de soie. De nombreux autres tissus tissés tels que l’Akwete et l’Aso Oke du Nigéria témoignent du savoir-faire transmis de génération et génération de tisserands dont la patience et la révérence donne naissance à des pièces uniques de coton, soie, raphia ou encore laine, témoins d’un héritage à préserver. Les étoffes peuvent être teintées de pigments d’origine végétale à l’image de l’Indigo, du Bogolan, du Lépi, de l’Adire et du Ndop dont le bleu emblématique provient d’un arbuste appelé l’indigotier. L’impression à la cire selon une technique inspirée du batik ou une teinture en tie and dye dont les motifs dépendent de l’expertise du teinturier, viennent sublimer les étoffes.

Aujourd’hui, face à la menace de l’industrialisation, l’ennoblissement de tissus d’exception emploie de petits groupes d’artisans dont l’œuvre est destinés notamment au prêt-à-porter haut de gamme, à la haute couture et aux arts décoratifs. Aux côtés de l’impression et de la teinture, on retrouve d’autres techniques d’embellissement comme la broderie et le perlage.

Textiles Aissa Dione © Anthony Marco

Quant à la tannerie, difficile de la citer sans évoquer la tannerie de Chouara, près de Fès, au Maroc. Au sein de la deuxième plus grande tannerie du monde, malgré des conditions de travail précaires, ses artisans perpétuent des techniques ancestrales faisant du cuir marocain l’un des plus prisé pour sa qualité.

Tannerie Chouara, Fès © Think Morocco

Les métiers du bois, de la terre, des fibres naturelles et du verre  

Confection d’instruments de musique traditionnel en bois comme la Kora, le Balafon ou le Djembé, ébénisterie, vannerie, tapisserie murales ou au sol, céramique et poterie, verrerie ou encore xylogravure, la liste des métiers populaires,  mettant à l’honneur la naturalité est bien longue.

Acajou, ébène, bubinga d’Afrique de l’Ouest, arbre ivoire rose (Afrique du Sud, Zimbabwe, Mozambique), Thuya (Maroc), Zebrano (Cameroun, Gabon), Kosipo (Guinée, RDC, Angola), … De nombreuses essences rares et précieuses entrent dans la confection des gammes de mobilier au catalogue de l’ébéniste.

Pour les vanniers, qui maîtrisent l’art de tresser les fibres végétales, le terrain de jeu est vaste. Du mobilier, aux objets de décoration et de conservation, les matériaux des plus souples (papyrus, feuilles de bananier ou de palmier, bambou, roseaux, sisal, raphia, sorgho), au plus robustes (rotin, osier) sont employés. Pour finaliser leur création, les vanniers les embellissent généralement grâce aux techniques de teintures naturelles ou au perlage.

D’autres métiers d’art, bien que pratiqués, sont menacés à l’instar de l’art des souffleurs de verre. Dompter le verre en fusion en soufflant dans un tube métallique, tel est leur talent.

En outre, sculptures, poteries et céramique sont ancrées dans les cultures artisanales africaines depuis des centaines d’années. Des techniques ancestrales comme “le colombin”, du peuple Xhosa d’Afrique du Sud, qui consiste à empiler des rouleaux d’argiles molle en y ajoutant progressivement différents éléments, sont connues et reconnues des experts. A noter, l’émergence d’une nouvelle génération d’artisans-artistes qui donne une nouvelle image de la céramique. 

 

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